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Tunisie / Droits des étrangers /

Que se passe-t-il à Choucha ?
18 mars 2012 par Kin

Créé le 24 février 2011 à une poignée de kilomètres de la frontière libyenne, le camp de réfugié-e-s de Choucha a fêté il y a un peu moins d’un mois un triste anniversaire. Celui de l’arrivée de centaines de milliers de réfugié-e-s en Tunisie durant le conflit libyen. Durant l’année 2011, la plupart ont quitté cette région de la Tunisie. Certain-e-s ont rejoint leur pays de nationalité [1] par les vols organisés par l’OIM ou par leurs gouvernements. D’autres ont été accueilli-e-s dans des familles tunisiennes ou réinstallé-e-s via le processus d’asile dans des pays occidentaux. D’autres enfin ont rejoint la Libye, certain-e-s pour prendre des bateaux afin de gagner l’Europe, dans l’attente trop longue d’un processus de demande d’asile. Aujourd’hui, entre 3000 et 4000 personnes (sur)vivent encore dans le camp, sans possibilité ou volonté ni de revenir vers la Libye, ni de rejoindre leurs pays de nationalité.

La Tunisie ne dispose pas pour l’instant de système d’asile. C’est donc le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU qui traite les demandes de protection internationale dans le camp afin de trouver un Etat tiers susceptible d’accueillir ces personnes. Cette même organisation internationale intervient auprès du gouvernement tunisien afin d’élaborer un système d’asile, qui, comme toute structure, prendra plusieurs années à se mettre en place.

Dans l’attente, les personnes qui restent au camp de Choucha et dont la demande d’asile a été refusée se trouvent dans une impasse juridique. Elles n’ont ni permis de séjour tunisien, ni possibilité de quitter la Tunisie pour un autre pays [2].

La situation au camp de Choucha durant sa première année n’a cessée d’être tourmentée. A deux reprises, en mai 2011 et en mars 2012, le camp est incendié sans que les auteurs ne soient identifiés jusqu’à présent. Des affrontements éclatent régulièrement entre habitants du camp, des environs et forces armées. Dernièrement, la chapelle du camp a été brûlée. Parallèlement, des Tunisien-ne-s sont recruté-e-s dans tout le pays ou se portent volontaires pour donner une assistance humanitaire et sociale aux personnes qui vivent à Choucha, en appui aux nombreuses ONGs déjà présentes sur place. Mais l’impasse reste politique : quelle solution pour les personnes qui ne peuvent quitter la Tunisie et à qui l’on refuse la sortie du camp alors que rien dans la loi tunisienne ne le prévoit ?

La semaine dernière, le HCR a licencié 121 employé-e-s tunisien-ne-s du camp, entre autres les personnes chargées de la propreté. Résultat : les ordures s’accumulent et le camp devient de plus en plus invivable. Les licenciements sont expliqués par l’organisation internationale par la baisse du nombre d’habitants dans le camp et le fait que Choucha ne soit pas vouée à devenir une structure permanente d’accueil pour les réfugié-e-s. Ces dernièr-e-s continuent pour leur part à payer au prix le plus fort le simple fait d’avoir quitté leur pays de nationalité [3] à la recherche d’une vie meilleure.


Notes

[1] beaucoup découragé-e-s par leur expérience d’enfermement et de violences en Libye, après un périple de plusieurs années dont l’objectif était d’atteindre l’Europe. Voir à ce sujet l’excellent film Le Piège d’Alexandre Dereims

[2] Leur nationalité (soudanaise, somalie, palestinienne...) rend souvent impossible l’obtention d’un visa d’entrée pour tout autre Etat.

[3] voir l’article 13 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme



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