Les  10 et 11 septembre s’est tenu au Caire une table ronde sur la thématique des accords commerciaux et d’investissement et leurs conséquences sur les droits économiques et sociaux des égyptiens. Organisée par le Centre Égyptien pour les droits économiques et sociaux et l’ANND ( 1) (Arab Ngo Network for Development), cette table ronde a regroupé des représentants de différentes organisations et syndicats (syndicat des agriculteurs, HIC,  Egyptian initiative for  personal rights, People’s Health Movement etc…), auxquels se sont joints des représentants de certains partis politiques (Frères Musulmans, Wafd, Democratic Egyptian party, Tagama’a party) à l’issue des discussions. C’est la première mobilisation égyptienne traitant des politiques commerciales et d’investissement, après de longues décennies d’absence de perspectives d’action.

La première journée a été consacrée principalement à la question du secteur agricole, qui souffre d’une politique imposant de lourdes conditions (prêts à taux d’intérêts extrêmement élevés, impossibilité de posséder ses terres etc…) aux agriculteurs. Dans le même temps, les accords commerciaux à l’horizon avec l’Union européenne visent à libéraliser ce secteur qui ne résistera pas longtemps aux assauts des entreprises européennes. Globalement, la stratégie entrevue par les représentants de la société civile consiste à présenter des propositions et à faire pression et sur le gouvernement pour qu’il adopte des politiques fiscale, commerciale et d’investissement favorables aux agriculteurs et à l’amélioration du secteur agricole dans son ensemble. Ceci avant d’envisager quelque accord commercial que ce soit.

La journée du mardi a été consacrée à la question de l’ouverture des services –notamment publics- au secteur privé (majoritairement européen), et particulièrement les services de santé. Alors que la détérioration des services publics et l’augmentation des prix ont entrainé l’impossibilité pour des millions d’égyptiens d’avoir accès aux soins dont ils ont besoin, l’ouverture (déjà engagée) de la libéralisation accrue des services publics va aggraver et renforcer cette précarité sociale et économique. Insistant sur la responsabilité de l’Etat dans la provision de services de base, les personnes présentes souhaitent mener une campagne pour réclamer la mise en place d’une sécurité sociale et le développement du secteur santé égyptien.

Globalement, et malgré la stérilité des interventions des différents représentants politiques (séance qui s’est transformée en ring de combat à de nombreuses occasions) en fin de journée, la société civile égyptienne s’accorde à considérer que les réformes législatives, constitutionnelles et commerciales au niveau égyptien sont fondamentales pour garantir les droits des travailleurs et citoyens égyptiens. Le parlement (dont l’élection devrait être réitérée dans les prochains mois) devra avoir un rôle crucial à jouer, notamment pour la transparence des négociations à venir avec l’Union européenne et le FMI.

 

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