Pour l’avenir des foyers !
Quand j’étais petit, mon père Hassan, immigré marocain, nous avait emmené manger dans un foyer d’immigrés mon frère et moi. Je ne connaissais pas le nom mais c’était un bon plat de viande avec du riz et de la sauce, de quoi égayer votre journée. Pour nous jeunes de quartier c’était ça un foyer, un endroit où on peut manger un bon thieb bien copieux pour pas cher, un lieu de partage qu’on connaît tous nous qui sommes pour beaucoup issus d’Afrique. C’est bien plus tard, au cours de mes études, que j’apprendrais l’Histoire des foyers de travailleurs migrants en France, une Histoire politique, une Histoire de lutte.
L’Histoire des foyers, une Histoire de lutte
L’Histoire des foyers, c’est l’Histoire de l’immigration. Dans les années 1960/1970 la France, en plein développement industriel, a besoin de main d’œuvre peu coûteuse qu’elle va chercher dans des pays qu’elle a colonisé. Elle importe de la force de travail prévue pour être temporaire et qui devait retourner dans son pays après quelques années de dur labeur. C’est comme ça que de nombreux jeunes hommes célibataires venus d’Afrique se retrouvent à travailler dans le bâtiment, dans les mines et surtout dans les usines d’automobiles. Une main d’œuvre pas chère pour des conditions de travail désastreuses, de quoi ravir les grands patrons français, mais c’est qu’elle doit bien dormir quelque part cette main d’œuvre et l’État français n’avait pas pensé à cette question. Des bidonvilles aux cités HLM, l’histoire de la lutte pour le logement des immigrés en France est longue et les foyers de travailleurs immigrés en constituent un bon chapitre.
Une résistance continue
Les résidents de foyers ont toujours dû lutter pour leurs dignités contre les politiques de contrôle répressives des gestionnaires de foyers, héritage sordide des pratiques coloniales, souvent porté par d’anciens officiers coloniaux ayant été nommés directeurs de foyers. La grève des loyers dans les foyers Sonacotra dans les années 1960 fut un mouvement important qui a marqué l’histoire des luttes sociales en France. Aujourd’hui et depuis 1996 avec le rapport Cuq fustigeant les foyers de travailleurs migrants à travers un regard raciste, les foyers sont menacés d’extinction, voués à être peu à peu remplacés par des « résidences sociales ».
Le Collectif Pour l’Avenir des Foyers (COPAF) soutient les résidents de foyers de travailleurs migrants depuis 1996 (et bien avant pour certains bénévoles) en proposant un appui juridique et militant aux luttes face aux expulsions, aux fermetures de cuisines et de salles collectives, face aux pratiques des gestionnaires qui ne respectent pas la vie privée des résidents et qui les infantilisent et face aux procédures de réhabilitation qui ne respectent pas leur devoir de relogement.
La mission
C’est au sein de ce collectif que je m’engage pour 6 mois avec échanges et partenariats et avec le CCFD-Terre Solidaire, partenaire historique du COPAF. Mon travail sera dirigé autour de deux axes : d’une part la formation au droit des délégués de foyers afin de leur fournir des outils juridiques face aux gestionnaires peu rigoureux quant au respect des droits, et d’autre part le plaidoyer du collectif pour dénoncer la gestion des foyers auprès des élu·e·s et faire tendre le statut des résidents de foyer et de résidence sociale vers celui de locataire qui permettrait un meilleur respect des droit humains.
C’est avec enthousiasme que je me plonge dans cette mission et dans cette lutte pour faire valoir l’Histoire des foyers, celle de l’immigration en France, de nos vies d’immigré·e·s et descendant·e·s d’immigré·e·s et pour l’avenir de foyers !
Olivier, étudiant parisien en master de sociologie spécialisé dans les questions de migrations et de racisme. Fils d’immigré et habitant de quartier populaire parisien, je m’intéresse aux mouvements antiracistes et féministes décoloniaux.
Pour ma mission, je suis envoyé par le CCFD-Terre solidaire en Ile-de-France au sein du Collectif Pour l’Avenir des Foyers (COPAF) pour apporter un soutien aux résidents de foyers de travailleurs migrants face aux politiques répressives de l’Etat et des gestionnaires de foyers.
Laisser un commentaire