La responsabilité de chacun implique deux actes : vouloir savoir et oser dire.
Après ce mois de débat permanent autour des carottes, des patates cuites au micro-onde, ou encore du fait de manger chaud ou froid des raviolis en conserve, je dois dire au revoir au CICP, à Brune et Charlotte et à cette super team de volontaires.
Je m’en vais parcourir la Bretagne, que je connais très peu, pour découvrir la communauté Emmaüs de Rédéné, et faire une première immersion avant de m’envoler pour l’Amérique latine. J’ai hâte de voir enfin ces activités de tri, de solidarité, d’accompagnement social et de vie en commun. J’ai aussi un peu peur de me retrouver face à ces tas d’objets sans vie, et tous ces habits entassés.
J’essaie de me rappeler de la première fois que j’ai découvert ou entendu le mot Emmaüs, mais j’ai l’impression d’avoir toujours eu en tête ces lieux de vente comme des lieux de chasse aux trésors.
Viens m’aider à aider
C’est seulement l’année dernière que j’ai découvert l’immensité et la diversité de ce mouvement et les combats qui y été menés, grâce à mon stage avec les SOS Familles Emmaüs, un réseau de 62 associations, qui permet de faire des avances sans frais ni intérêts à des ménages en précarité financière. Ces associations sont financées à 100% par les Communautés et Comité d’Amis Emmaüs, qui grâce à leur vente peuvent faire des dons, et rentrer dans d’autres réseaux de solidarité. Par ailleurs, les SOS Familles Emmaüs sont financées en grande partie par le remboursement au fil des années des personnes précédemment aidées. C’est comme ça que j’ai compris une des grandes valeurs du mouvement : « Viens m’aider à aider», ça peut paraître bateau, mais inclure les personnes aidées dans des voies de solidarité, n’est pas toujours un acquis pour les associations. Or, leur donner cette possibilité et cette responsabilité c’est aussi sortir de cette vision passive des personnes aidées, et leur redonner leur dignité, leur pouvoir d’action, leur humanité tout simplement.
Agir et interpeller contre les causes de la misère
Ce qui m’a également marqué au sein d’Emmaüs, c’est le fait que l’action concrète ne suffisait pas aux associations, il s’agissait de mener une action de transformation sociale et de plaidoyer: les personnes ne devaient plus se retrouver dans des situations de surendettement, au contraire elles devaient pouvoir avoir accès à des crédits à taux réduit, à des connaissances sur ce ce qu’est un taux d’intérêt, les frais d’incidents bancaires, les aides existantes… Agir et surtout interpeller contre les causes de la misère, pour que l’aide quotidienne des associations n’invisibilise pas les manquements de l’État envers sa population (1).
L’aspect international du mouvement et ma mission
C’est en étant dans le mouvement même, que j’ai pu découvrir qu’il était international, et que des actions locales étaient menées aux 4 coins du monde, dans 41 pays, et 425 groupes Emmaüs. Ma mission est justement liée au plaidoyer politique. Le mouvement a rédigé il y a deçà un an et demi un Rapport Mondial. de revendications, partant des actions concrètes des groupes pour proposer des autres moyens de produire, d’accueillir, d’intégrer les femmes dans la vie politique et économique, de donner accès à l’éducation et de protéger les droits fondamentaux et les biens communs. Ce Rapport mondial (2) maintenant rédiger à partir des activités des groupes doit être porté par ces derniers, relus, et validés pour l’améliorer mais aussi le mettre en action en termes de plaidoyer et de communication. Mon travail sera donc de travailler sur ces axes avec les groupes, de comprendre leurs besoins, leurs attentes, et aussi leurs difficultés, de faire remonter l’information sur ce qu’ils font déjà en termes d’interpellation, et ce qui leur manque de la part du secrétariat international. Ainsi, nous sommes 3 volontaires à partir dans des régions différentes du mouvement, pour ma part c’est en Amérique latine et plus particulièrement en Uruguay, Argentine, Chili, Pérou, Brésil et Colombie que les associations se situent.
Et comme une bonne emmaüssienne, il faut évidemment que je finisse ce petit premier article par une citation de l’Abbé Pierre :
« Les véritables violents, les tueurs, d’abord c’est vous ! Vous qui chaque soir, bien gentils, embrassez vos petits gosses dans leur lit comme de bons papas, vous qui pensez que vous êtes des gens très bien, il faut que vous sachiez que vous avez, chaque soir, sur vos mains, plus de sang d’innocent que jamais n’en aura aucun de ces maquisards révoltés dans son désespoir ».
« La responsabilité de chacun implique deux actes : vouloir savoir et oser dire. »
« Si nous sommes sans colère quand nous voyons les autres bafoués, exploités, humiliés, il est clair que nous ne les aimons pas. »
OK il y en a trois…
Caroline Thiel Roca
———————————————————————————-
(1) Manifeste de l’inclusion financière sur lequel j’ai pu travaillé durant mon stage : https://www.secours-catholique.org/sites/scinternet/files/publications/exe_rapport-inclusionfinanciere_160922bd.pdf
(2) Rapport Mondial Emmaüs International : https://www.ourvoicesmatter.international/wp-content/uploads/2021/10/RAPPORT_MONDIAL.pdf
Volontaire de la Session 25 de Echanges et Partenariats, je suis envoyée par Emmaüs International dans les groupes d’Amérique latine du mouvement : Uruguay, Argentine, Chili, Pérou, Brésil, Colombie.
Cette mission, s’articule autour du plaidoyer politique des groupes et de la rédaction d’un rapport mondial exposant les revendications du mouvement composé de 425 associations locales, dans 41 pays différents.