– Relai de courses –

Écrire à partir d’une image en rapport avec son volontariat. Voici un des exercices de l’atelier “Écriture du sensible” de la formation que nous suivons au Centre International de Culture Populaire à Paris. Nous, le groupe de onze femmes qui partons avec des associations différentes dans les communes de Saint Denis et Montreuil, les villes de Bruxelles, Paris, Grenoble, Barcelone, Lisbonne, Palerme et Milan, l’archipel de Malte, les Pays-Bas et la Croatie qui n’a finalement pas pu se concrétiser. Nous allons participer à des actions pour des causes qui convergent vers le respect des droits de l’Homme et des libertés. 

Des femmes et des hommes revêtus de foulards rouges, de gilets jaunes ou oranges et de masques, enfourchent des vélos. Enfin pour la plupart. D’autres sont campés sur leurs jambes, comme cette femme au centre de la photographie. Ce sont les Staffette, je fais le rapprochement avec ce dont m’avait parlé Charlotte, notre référente et ancienne volontaire au centre social Il Cantiere, au début de la formation décrivant leur organisation pour livrer de la nourriture aux personnes dans le besoin durant le Lockdown, qui a débuté en Mars 2020, à Milan.

Je m’interroge : qu’est-ce que Staffette peut bien vouloir dire ? Je cherche sur internet et tombe sur “course de relais”. Serait-ce un jeu de mot ironique pour décrire l’auto-organisation précipitée des habitants d’un quartier qui dans un élan de solidarité veulent venir en aide aux milanais qui subissent de plein fouet la première vague, comme on l’appelle, du Covid 19 ?… La rencontre virtuelle avec Leon,  le référent militant de mon volontariat à Milan, m’a éclairée sur cette dénomination qui provient du mouvement des femmes résistantes, durant la seconde guerre mondiale, qui assuraient les communications entre partisans et livraient les denrées de première nécessité. 

“Nous sommes en guerre” avait déclaré “notre” président durant l’un de ses discours réguliers de la période du confinement. Il avait également ajouté : “L’ennemi est invisible”. D’accord, l’ennemi est invisible mais après … Les habitants du quartier de San Siro se sont mobilisés pour porter secours aux personnes qui ne pouvaient pas se ravitailler en nourriture et en fourniture pour les enfants. Ils se battent pour l’accès à l’éducation, défendent les circuits courts, les petits producteurs, sans polluer en se déplaçant à vélo et à pied. 

Milan, capitale de la Lombardie, une des villes les plus riches d’Italie. Un pôle économique à l’échelle nationale et Européenne. L’Italie se voit gouvernée par une coalition qui instaure des règles non respectueuses des droits des migrants dans le but, selon eux, de renforcer la sécurité et de relancer l’économie. Ces mesures de dégradation, de restriction et de non considération des droits de ces personnes en migration ne résolvent pas la dite “crise migratoire” qui est en réalité une crise des politiques migratoires.

Cela questionne le droit à la ville, le droit au logement, le droit à l’éducation, le “ vivre ensemble” ainsi que les libertés de penser, d’expression et d’agir. La pandémie, dont Milan et sa région ont été le premier foyer important en Europe, a poussé l’autogestion de la société civile pour renforcer la solidarité en vu des difficultés du, des gouvernement(s) à gérer la crise sanitaire. L’engagement dans la solidarité internationale est un moyen de revendiquer ces, ses libertés.

Maintenant j’habite au Spazio di Mutuo Soccorso dans le quartier de San Siro, à Milan. Volontaire pour participer à ses activités, ses actions ainsi qu’à celle du centre social autogéré Il Cantiere. Un lieu en perpétuelle construction, transformation, où les idées sont mises “en chantier”, d’où son nom, pour mettre à disposition un lieu de socialisation, d’organisation, à traverser et à faire traverser pour s’émanciper des “valeurs” du néolibéralisme. Finalement, c’est une course de relai permanente pour tisser des liens, faire un réseau sur le territoire, être solidaire, continuer de vivre ensemble, partager, échanger, débattre sans attendre, dépendre des gouvernements.

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