#NousToutes #EnaZeda
Samedi 30 novembre 2019, nombreux.ses ont été les Tunisien.ne.s à répondre à l’appel à une marche contre les violences à l’encontre des femmes, et notamment contre le manque d’application de la loi contre les violences faites aux femmes votée deux ans plus tôt en Tunisie. Faisant suite à une campagne de 16 jours dans tout le pays, cette marche a rassemblé militant.e.s féministes, hommes et femmes de tout âge, avenue Habib Bourguiba au centre-ville de Tunis. Le tintamarre des casseroles a résonné pendant plusieurs heures au rythme de plusieurs slogans comme « Solidarité, avec les femmes du monde entier ! » sous un soleil d’hiver inattendu.
Les pancartes violettes et les balais eux-mêmes violets ont côtoyé les drapeaux du mouvement LGBT, de l’action antifasciste et plusieurs drapeaux palestiniens, dans un même élan. Certains hommes brandissaient des pancartes où était inscrit « A bas le patriarcat » en marchant aux côtés de la communauté LGBTQI+, de groupes d’ami.e.s de tous les âges et de militantes féministes reconnues en Tunisie.
S’ajoutant à la longue liste des marches qui ont eu lieu dans le monde entier pour défendre cette cause courant novembre, ce rassemblement s’inscrit aussi dans un moment particulier de l’histoire tunisienne. Début octobre 2019, quelques jours avant le premier tour des élections présidentielles anticipées en Tunisie, les Tunisiennes se sont réappropriées le célèbre #MeeToo pour créer le #EnaZeda, (ena zeda signifie littéralement moi aussi en dialecte tunisien).
Comme deux ans plus tôt aux États-Unis et en Europe, ce mouvement de dénonciation et de solidarité a permis à un grand nombre de femmes tunisiennes de raconter leurs histoires, leurs traumatismes, d’exprimer leur révolte, leur ras-le-bol, leur besoin de reconnaissance et de réparation. Une adresse mail, un mouvement informel et un groupe Facebook ont ainsi émergé, dans un même but : créer du lien et des lieux où la sororité prend le pas sur la peur, la honte et l’isolement.
Si les mouvement de soutien aux luttes féministes et LGBT ne sont pas nouveaux en Tunisie, il semble qu’une brèche plus profonde se soit néanmoins ouverte ces dernières semaines au sein de la société tunisienne et qu’elle ne pourra pas se refermer de si tôt. Les témoignages qui se multiplient quotidiennement sur les réseaux sociaux depuis le lancement du #EnaZeda montrent qu’un changement est à venir et qu’il doit être intégré à tous les mouvements de défense des droits économiques et sociaux issus de la révolution de 2011.
« A Shift Is Coming »
Volontaire au sein du FTDES en Tunisie pour le projet Intercoll, membre du réseau IPAM.