L’Amérique, je veux l’avoir et je l’aurai !
Il pleut à Paris. Mais profites-en Lisa, à Montréal, il neige !
Après huit mois de chômage/auto-entreprenariat/monotonie, je viens de passer un des mois les plus riches et stimulants dont je parvienne à me souvenir. Un mois intense de « préparation au départ »/formation politico-militante. De nouvelles gens, de nouvelles idées, de nouveaux horizons. Avec tout ça, je me surprends à (presque) regretter de quitter Paris, son crachin permanent, son métro qui suinte les égouts, ses habitants gris et ses cafés à trois balles. Bon, puis, après le brasier de Notre-Dame et les réactions tout aussi enflammées qui s’en suivent, je refoule sans trop de difficultés cet accès de mélancolie.
Ok Lisa, dans trois jours, tu décolles pour le Canada, tu as déjà dit au revoir dix fois à tout le monde, il va falloir songer à faire cette valise. J’ouvre le dernier mail de mon interlocutrice « vie pratique à Montréal », Émilie Joly : « je ne pense pas que tu aies besoin de quoi que ce soit de particulier. Peut-être juste t’assurer d’avoir un mélange de vêtements pour diverses températures ». Un mélange de vêtements pour diverses températures…
Trois jours plus tard, donc, j’arrive à l’aéroport d’Orly ; je hisse, tant bien que mal, la valise sur le tapis-balance-pèse bagage ; 31,7kg ; je prends conscience de l’importance de « bien lire les consignes » (ce n’était 32kg de bagages qui était écrit sur le billet mais bien 23), je sors ma carte bleue. 85 euros plus tard, je suis dans l’avion, devant un film, sous ma couverture polaire violette et je regarde s’éloigner la Terre dissimulée aux deux tiers par un réacteur de la taille de Paris.
Huit heures plus tard, je débarque aux Amériques l’esprit bercée par cette belle rengaine de Joe Dassin entrecoupée de quelques refrains de Céline Dion. Quarante secondes plus tard, je comprends que je ne quitterai pas cet aéroport avec mon saucisson et mon pâté de campagne. Trois heures plus tard, je sors du bureau de l’immigration.
Émilie est venue me chercher en voiture char et nous traversons Montréal pour rejoindre la rue Darling, ma maison pour le prochain mois. Dans ma tête, calée sur le fuseau Greenwich +1, il est 4h du mat’ et j’ai un peu de mal à gérer de front l’afflux d’informations qu’elle me donne sur la cartographie de Montréal et ce doux accent qui caresse mes oreilles.
Jusqu’ici, j’ai passé mes plus beaux moments dans l’auto[1] d’Émilie. On appelle ça l’American way of life dans les manuels de Géographie du secondaire. Non, plus sérieusement, la ville est si étendue que je n’en aurais pas vu 1% sans nos trois virées en voiture. Et quand elle met son CD de folk blue grass (oui oui) américaine, que de chaque côté de la rue, les plex[2] en briques s’enchaînent, qu’on croise un bus scolaire jaune et d’énormes camions à l’américaine (si vous avez déjà regardé un épisode des « Routes de l’extrême », vous saurez de quoi je parle), je m’attends à me retrouver, d’un instant à l’autre, au milieu de l’Arizona, sur la route 66, encerclée par un meute de bisons.
Je n’ai pas encore goûté à la poutine.
Promis, bientôt, je vous parle droit au logement.
[1] Autre nom pour désigner un char.
[2] Ces immeubles bas de l’époque industrielle caractérisés par leurs escaliers en colimaçon à l’avant et à l’arrière du bâtiment.
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