L’écologie, une problématique internationale, nécessairement anticapitaliste

Depuis plusieurs années, la problématique écologique occupe le devant de la scène. Face à l’urgence de la situation, même les dirigeants du monde entier semble vouloir s’emparer de cette question[1]. Mais si les sommets et les conférences internationales se multiplient, la situation semble loin de s’améliorer. Réchauffement climatique, montée des eaux, déforestations etc., depuis 25 ans la situation n’a fait qu’empirer. L’année 2017 illustre particulièrement ce phénomène avec une succession alarmante de catastrophes naturelles (violentes moussons en Inde ou encore au Népal, incendies, ouragans etc.).

L’écologie n’est pas conciliable avec le capitalisme

Il n’y a rien à attendre des politiques menées par les grands de ce monde qui sont au mieux largement insuffisante face à la situation, ou tout simplement jamais appliquées. Cette inefficacité tient tout simplement au fait que les intérêts des classes dirigeantes sont clairement incompatibles avec une politique véritablement écologique. La situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement n’est en effet que le fruit des politiques capitalistes menées partout sur la planète. La recherche incessante de profits, la surproduction et la surexploitation pour l’enrichissement d’une minorité ne peuvent aller de pair avec une politique respectueuse de l’environnement. La crise écologique n’est qu’une des faces de la crise du capitalisme que nous sommes en train de vivre. Rex Tillerson, ancien PDG d’ExxonMobil (une société pétrolière et gazière américaine) et actuellement secrétaire d’Etat de Trump, résumait ainsi très clairement : « Ma philosophie c’est de gagner de l’argent. Si je peux forer et gagner de l’argent, alors c’est ce que je veux faire ». Les reculs incessants du gouvernement d’Emmanuel Macron témoignent également de cette incompatibilité : suppression des aides au maintien de l’agriculture biologique, autorisation de deux pesticides « tueurs d’abeilles », report de la réduction de 75% à 50% de la part de l’électricité d’origine nucléaire (pourtant actée « à l’horizon 2025 » dans la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte). Malgré ses grands discours et ses belles paroles lors du sommet sur le climat, l’écologie n’est décidément pas la priorité de Macron et de son gouvernement.

L’écologie, une affaire de classe

Les premier-ère-s touché-e-s par la crise écologique ne sont bien évidemment pas ceux-celles qui en sont à l’origine. Les 10 % des habitants les plus riches sont responsables de 50 % des émissions mondiales de CO2 en cause dans le réchauffement climatique, alors que les 50 % les plus pauvres ne représentent que 10 % de ces émissions. Et pourtant, ce sont les populations les plus défavorisées, les minorités qui voient leur environnement détruit, leurs conditions de vie se dégrader toujours plus, les obligeant parfois même à quitter leur foyer. Oxfam estime que 23,5 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur terre et leur foyer en 2016 à la suite de catastrophes naturelles extrêmes. Sur la période 2008-2016, ce sont en moyenne 21,8 millions de personnes qui ont dû, chaque année, quitter leur cadre de vie. Les politiques d’accueil des réfugiés à l’œuvre aujourd’hui, notamment en Europe, en disent long sur le sort réservé à ces populations (ni la protection, ni l’accueil, ni le statut des millions de déplacé-e-s et réfugié-e-s climatiques ne sont au programme de la COP23 par exemple).

Carte des sites de mines d’uranium abandonné sur le territoire Navajo Du rouge au bleu, le niveau de radiation supérieur à la normal, le rouge étant le plus élevé

Aux Etats-Unis, les populations autochtones sont parmi les premières touchées par l’exploitation des sols à des fins économiques. Mines de charbons, de pétrole ou encore d’uranium se multiplient sur leurs territoires avec des conséquences dramatiques sur les conditions de vie des populations. Les mines d’uranium présentes sur les terres navajos ont par exemple causé de nombreux décès (des suites de cancers notamment). Des recherches réalisées par les Centres pour le Contrôle des Maladies montrent qu’il y a encore de l’uranium dans le corps de bébés nés aujourd’hui. L’extraction de charbon sur Black Mesa (une montagne sacrée située dans la réserve navajo) a conduit à la déportation d’une grande partie de la population et à l’empoisonnement de l’eau et du sol.
Les mêmes questions se posent en France autour de la question du nucléaire par exemple. Dans le petit village de Bures, dans l’est du pays, une lutte est en cours contre l’installation d’un centre d’enfouissement des déchets nucléaires. Un projet qui pourrait avoir des conséquences dramatiques sur l’environnement et les conditions de vie des habitants.

Organiser la résistance

Mais dans le cas de Bures comme ailleurs, des résistances s’organisent contre les politiques destructrices et leurs conséquences avec souvent une stratégie commune, celle de l’occupation des territoires menacés. A Black Mesa des navajos continuent de vivre et d’occuper le terrain malgré la répression, à Bures des personnes se sont également installées sur le site depuis 2015. On peut également citer la ZAD (Zone à Défendre) de Notre Dame des Landes qui s’oppose depuis des années à la construction d’un aéroport, un projet inutile menaçant 2000 ha de terres agricoles bocagères, ou encore la lutte de Standing Rock (malheureusement mise en échec par l’arrivée de Trump au pouvoir) contre l’installation d’un pipeline dans le Dakota du Nord.
Face à la catastrophe écologique qui s’annonce et contre les politiques désastreuses menées par nos gouvernement, il est donc plus que jamais nécessaire d’organiser des résistances, de créer des liens entre elles et d’organiser la solidarité à l’échelle internationale dans une perspective clairement anticapitaliste.

[1] Cela n’empêche pas la branche particulièrement réactionnaire des climatosceptiques, comme Donald Trump, d’exister.