Appui au développement de la société civile et des communautés Emmaüs au Bénin
Suite à la dernière Assemblée Mondiale d’Emmaüs International ayant eu lieu à Jesolo en 2016, plusieurs nouvelles directives ont été élaborées et les combats de l’association Emmaüs International ont été redéfinis. La mission au Bénin s’inscrit dans ce cadre contextuel précis et l’année 2017 a donc été une année de transition.
Les 3 combats d’Emmaüs International sont désormais réunis en 3 grandes thématiques : la justice sociale et environnementale, la paix et la liberté de circulation ainsi que l’économie solidaire et éthique.
LES DÉBUTS DU MOUVEMENT
Afin de faciliter la compréhension de la mission et du mouvement de l’association, il faut lancer une petite remontée aux sources que je vous offre ci-dessous :
Au commencement, le mouvement Emmaüs naquis en France et doit sa création à deux personnes emblématiques : Lucie Coutaz et Henri Grouès qui ce dernier, adopte sous la résistance le pseudonyme sous lequel il deviendra mondialement connu : l’Abbé Pierre.
Il crée la première communauté Emmaüs à Paris en 1949 dans le contexte d’après-guerre où la France est à reconstruire et où de nombreux citoyens se trouvent sans logis. La communauté accueille tous les citoyens se trouvant en difficulté et étant exclus de la société : les non-travailleurs, les sans domicile fixe, les anciens « drogués », les anciens détenus, etc. Ces derniers sont appelés les compagnons et les compagnes et participent à la vie ainsi qu’à la bonne tenue de la communauté d’accueil.
L’Abbé Pierre s’est fait connaître durant le rude hiver de l’année 1954 où une femme venant d’être expulsée de chez elle est retrouvée morte gelée sur un trottoir parisien. Il a, en réponse, fait un double appel en utilisant la radio comme outil médiatique (plutôt novateur pour l’époque) : un appel aux dons auprès des citoyens français (couvertures, vêtement, etc.) et un appel au gouvernement pour la création de logements des non et mal-logés.
Appels retentissants ayant rencontré un réel succès puisque 10 milliards de francs ont été débloqués par le gouvernement de l’époque et les dons de la communauté citoyenne française ont été conséquents.
Suite à cette année-là, Henri Grouès se fera inviter tantôt par des associations tantôt par des ambassadeurs ou encore par des présidents du monde entier. Commence alors la progression des communautés Emmaüs dans le monde. Difficile ici de ne pas aborder un passage historique dans la création du mouvement Emmaüs International : en 1963, alors que l’Abbé Pierre se rend en Amérique du Sud à bord d’un bateau, de dernier fait naufrage. Pendant de nombreux jours, tandis que le monde entier le croit mort, il revient et constate que sans le créateur du mouvement, c’est-à-dire lui-même, les communautés Emmaüs présentes sur les différents continents ne savent pas communiquer entre elles. Lors des premières Assemblées Mondiales, dans les années 1970, apparaît le besoin de structurer le mouvement Emmaüs au niveau mondial et c’est ainsi que naît Emmaüs International réunissant aujourd’hui 348 associations Emmaüs dans 37 pays sur 4 continents : Europe, Afrique, Amérique du Sud et Asie.
Il faut savoir qu’il existe une grande diversité des formes d’association Emmaüs dans le monde s’expliquant par la différence des problématiques locales.
Lors de la dernière Assemblée Mondiale de 2016 ayant eu lieu à Jesolo, un nouveau président a été choisi, il s’agit de Monsieur Patrick Atohoun qui est également responsable de la communauté Emmaüs Pahou au Bénin. Lors de cette assemblée, ont été rédéfinis les combats d’Emmaüs international se regroupant en trois grandes thématiques : la justice sociale et environnementale, la paix et la liberté de circulation et l’économie éthique et solidaire. C’est dans ce contexte qu’il devient alors nécessaire de redéfinir les objectifs et de faire un « bilan » des projets menés dans les diverses communautés des 4 continents.
De plus, depuis la mort de l’Abbé Pierre en 2007 et des grandes figures charismatiques, il est devenu difficile de porter une parole collective. Il faut alors s’assurer que les projets visant le développement économique respectent les valeurs du mouvement.
La mission d’appui au développement de la société civile et des communautés Emmaüs s’inscrit dans cette logique précise et répond à la réalisation d’une enquête qualitative auprès des communautés Emmaüs d’Afrique de l’Ouest afin de redéfinir les sources de financement de celles-ci et afin d’avoir plus d’informations sur leur recours au prêt en général.
Effectivement, en général dans les pays africains, l’accès aux formes de crédit permettant d’investir dans le domaine de l’économie sociale et solidaire est quasi-inexistant car le système financier est inadapté ne permettant pas le développement économique à petite échelle. D’où la création du FEE (Fond Ethique Emmaüs) en 2007 et son partenariat avec la Banca Etica (banque indépendante et éthique au niveau international) qui donne la parole également aux pauvres et favorise l’être plutôt que l’avoir.
Les données recueillies au sujet des prêts réalisés mais également des activités de microcrédit des femmes permettra à l’association Emmaüs International de réaliser des « photographies » des enjeux et de redéfinir les stratégies en matière de financement et d’obtenir des perspectives de réflexion politique et de comprendre les besoins des communautés…
EMMAÜS PAHOU AU BÉNIN
La mission se déroule au Bénin pour une durée de 5 mois dans une des 3 communautés Emmaüs présentes dans le pays.
Le Bénin est un pays d’Afrique de l’ouest partageant des frontières avec le Togo, le Burkina Faso, le Niger et le Nigeria. La république a été proclamée en 1958 et le pays a atteint son indépendance complète en 1960. A partir de cette date et pendant environ 12 ans, il y a eu une succession de régimes entraînant une instabilité politique où le pouvoir est disputé (coups d’état et régimes militaires). Dans les années 1970 et 1980, d’importants programmes de développement économique et social sont déployés mais sont vains. Ce n’est qu’à partir de 1990 que s’amorce une importante transition démocratique avec notamment des réformes économiques et une démocratie effective.
Cette transition se voulait non violente et c’est dans ce contexte que les premières communautés Emmaüs sont nées au Bénin. Effectivement, ce dernier est exemplaire sur le continent Africain de fait de l’harmonie entre les religions qui y règne et du fait des transitions politiques pacifiques.
On compte au total 3 communautés Emmaüs au Bénin : A.F.A., Pahou et Tohouè. (La première à être crée est celle de Tohoué au Bénin et date de 1988).
La structure d’accueil est l’association Emmaüs Pahou, localisée à une trentaine de kilomètres de la ville de Cotonou. Créée en 1991 (initialement dans la région d’Hêvié), celle-ci possède un site destiné à l’élevage et à l’agriculture. Une vingtaine de jeunes en difficulté travaillent sur place. Après 2 ou 3 ans, ils quittent la communauté avec une formation afin de trouver un emploi.
Cette communauté revend des objets envoyés par conteneurs par les groupes européens et mène différentes actions sociales telles que le microcrédit pour les femmes, l’alphabétisation des enfants ou encore la formation à des métiers et est le siège du programme d’accès à l’eau sur le lac Nokoué.
Si l’on se réfère aux chiffres ; à ce jour, il y a 17 jeunes en réinsertion, 600 femmes bénéficiant d’un microcrédit, 10 stagiaires en école d’agriculture chaque année et 247 adhérents à la mutuelle santé Afrique.
VALEURS DE L'ASSOCIATION
L’association a pour principales valeurs : l’accueil, le respect de l’Homme et de sa dignité, le partage, la solidarité et se déclare « contre la mondialisation de la pauvreté ».
→ Voici un exemple du mouvement Emmaüs International sur le continent Asiatique
Je finirai avec une petite présentation de celle que je suis aujourd’hui et que vous découvrirez un peu mieux dans les carnets de voyage du site :
Anaïs, 23 automnes, jeune diplômée en économie de la santé et développement international à la fois à la recherche d’un mouvement de solidarité dans lequel évoluer partageant mes valeurs et à la fois à la découverte du monde dans sa profondeur en l’aidant à se (re)lever tout en développant de belles alternatives.
(A plus tard la suite…)