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Espagne / Droit à la ville /

Sevilla Acoge et CEPAIM
12 mars 2012 par Alejandro

Immigration et logement au quotidien

Rocio travaille sur le logement depuis trois ans et aide quotidiennement les immigrants de la région de Séville. Elle le fait depuis le siège de l’ONG Sevilla Acoge, organisme membre de la Fondation CEPAIM (Consorcio de Entidades Para la Acciòn Integrale con Migrantes) [Consortium d’organismes pour l’action global avec les migrants].

Dans son centre on l’appelle par son nom (Reyes), mais ce n’est pas dans le style froid et impersonnel d’un bureau. Bien au contraire l’ambiance de travail est à la camaraderie. Elle nous reçoit un matin avant l’arrivée des premiers demandeurs et nous explique que les gens qui travaillent là sont des gens qui ne veulent pas faire de l’argent coûte que coûte. Il n’y a pas de formation particulière sinon sa propre expérience. Comme elle par exemple qui avait d’autres propositions de travail, mais a décidé de rester au CEPAIM après avoir aidé pour la première fois deux familles. Depuis il y en a eu beaucoup d’autres. Uniquement en 2011, Reyes s’est occupé de 250 familles.

Selon les cas, les démarches peuvent être longues. L’équipe s’occupe des conditions de l’habitat (pour entreprendre des gestions auprès de la Gerencia de Urbanismo [l’Office d’urbanisme] ou des assurances), tout comme elle gère la médiation avec le voisinage, l’aide à la rédaction des contrats de location (et le plus important des documents annexes), les démarches nécessaires pour obtenir un Vivienda de Protecciòn Oficial [Logement de Protection Officiel (HLM, ndt)]. Elle négocie également ce qui est sans doute le plus complexe : les crédits et hypothèques que les gens sont incapables de payer.

Ces derniers temps, avec la crise économique, la demande a changé selon Rocio, et il y a de plus en plus de familles qui, devant la menace d’une expulsion, viennent chercher de l’aide.

La démarche commence toujours de la même façon. Lors de la première visite, on demande aux personnes qui viennent demander de l’aide les papiers des contrats, des crédits et des hypothèques (« Ils sont abusifs » s’entend-t-on dire sans hésiter « l’important serait qu’ils ne le soient plus »). Pendant cette visite on évalue aussi les ressources financières des demandeurs et on prend note de leurs besoins et de leurs attentes, pour analyser les différentes possibilités d’action et préparer le rendez-vous avec la banque correspondante. On leur explique aussi les termes techniques utilisés lors des négociations pour qu’ils les comprennent le moment venu et ne soient pas pris de court.

Par la suite Reyes suit les démarches et rédige des rapport (timbrés avec entête de la CEPAIM) adressés aux banques pour leur proposer une négociation. Dans certains cas, celle-ci aboutit à ce qu’on appelle une « dation en effectif » et même à la possibilité de transformer la propriété hypothéquée en location, avec un tarif en dessous des prix du marché (c’est possible grâce au fond social quand il s’agit de caisses d’épargnes). Même si, à ce qu’on dit, la philosophie des banques est très différente, il y a de grands écarts entre ce que les unes et les autres peuvent accepter. Quand il n’est plus possible de rester vivre dans le logement, on peut toujours trouver un accord avec la banque pour le lui céder, car elle aussi est intéressée à trouver une solution. Tous ces cas créent des précédents utiles aux négociations des prochains demandeurs en situation similaire.

Dans les cas extrêmes et sans issue, on se contente de retarder le plus possible l’ « expulsion » ou départ définitif du logement, en offrant des cours d’orientation et en recherchant des insertions professionnelles qui puissent freiner le processus. La plupart du temps, les gens viennent demander de l’aide trop tard, « ils devraient venir avant que le problème ne surgisse ». C’est pourquoi l’organisation envisage de mener régulièrement des débats sur le logement, pour que les gens soient informés des menaces auxquelles ils peuvent être confrontés et des types de recours dont ils disposent.

La gestion des fonds publics est un autre axe de travail. L’organisation a récemment proposé à la Empresa Publica de Suelo de Andalucia [Société Publique des Sols d’Andalousie] de créer une bourse de logements publics locatifs à loyer modéré pouvant être directement gérés par les organismes s’occupant des migrants. Par ailleurs le CEPAIM consacre une partie de son budget à des petites aides ponctuelles (pas plus de 500 € par famille) pour donner un premier coup de pouce à des montages qui, à moyen terme, peuvent s’avérer autosuffisants.

Reyes sait parfaitement que l’association Sevilla Acoge s’occupe de médiation avec les banques, les institutions ou les propriétaires mais jamais de dénonciation pour laquelle il existe d’autres organismes, comme Ausbanc ou Adicae [Association des utilisateurs de services bancaires]. Elle considère cependant que son travail « devrait être fait par les services sociaux » mais que ceux-ci, contrairement aux associations à but non lucratif, ne sont pas capables de mener à terme les démarches.

L’organisation de l’association est celle d’une ONG, avec un organigramme qui ressemble à celui d’une entreprise mais dépend économiquement de fonds publics. On appelle usagers les personnes qui viennent demander de l’aide. « Ils sont des clients de la banque, pour nous des usagers ».

Le travail en réseau est un autre aspect important. Outre la participation de Sevilla Acoge www.sevillaacoge.org/ à la Fondation CEPAIM http://cepaim.org/, il existe une collaboration avec d’autres organismes de la ville dans le cadre de l’Observatorio Permanente de la Inmigracion en Sevilla [Observatoire Permanent de l’Immigration de Séville] (OPIS) ] qui permet aux différentes associations de se tenir au courant des activités et démarches de chacune d’entre elles et d’engager ainsi un dialogue commun avec l’administration. Il y a entre autre dans cet Observatoire une Mesa de Vivienda [table ronde sur logement] où l’on traite collectivement les affaires concernant l’habitat de la population migrante.

On peut consulter le rapport de l’OPIS sur le site http://www.sevillaacoge.org/documen...




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