De Macaró (Barcelone) à Montreuil (Paris). De propriétaire d’un appartement à expulsé d’un squat. L’histoire de vie d’un des expulsés du squat de Sorins, à Montreuil, Paris.
Pour Dmembaye, c’est difficile de pouvoir comprendre sa situation. Avec une carte de résidence espagnole et sept ans comme travailleur, il fait parti des 300 personnes qui ont été expulsé du squat de Rue de Sorins à Montreuil, en juillet passé. En ce moment, ils sont tous dans le stade de football de Montreuil en attente d’une résolution judiciaire. Avec la crise économique européenne, l’usine du textile où il travaillait à Barcelone a fermé. Après un an de chômage, il n’a pas pu payer l’hypothèque de son appartement qu’il avait acheté, et il a été obligé de l’abandonner.
Dans cette situation, Dmembaye est parti à Paris, à la recherche de travail. Avec lui, il y avait son grand frère, Adama, appelé « Le président », un des leaders du collectif des Sorins. Adama a des idées claires, et essaye de garantir l’organisation du collective des 300 expulsés. « On ne veut pas de problèmes. On veut travailler et avoir une toile. Qu’est ce qu’on a fait de mal ? ». J’ai pu connaître Dmembaye et Adama grâce à l’équipe du DAL (droitaulogement.org) qui appuie la cause du collectif et qui ont sa confiance. Avec eux, on a bu un thé malien et on a visité son « champ-village temporaire », des tentes où ils sont installés. « On s’est mis au bord –me disait Adama-, parce que les enfants ont le droit à jouer au football. » Le collectif est formé par 300 personnes, la plupart d’entre eux sont célibataires ; mais il y a aussi des femmes et des enfants. Ils viennent de plus de onze pays de l’Afrique, et on leur a refusé les papiers pour être d’une façon régulière dans le pays. Ils étaient au squat depuis 2009. Le 29 juillet ils ont été expulsés sur ordre du Conseil Général. Adama, le président, a confiance pour trouver une solution. À 49 ans, ce maitre ouvrier et professeur de Karate, a le respect de tous. Dans le squat, il a toujours essayé de maintenir la convivialité. Un jour, lors d’un conflit entre les plus jeunes du squat, il leurs a dit : « si vous voulez résoudre ça par la force, il n’y a personne parmi vous qui peut lutter contre moi. Alors, ceux qui ont des problèmes, il faut qu’ils les sortent du squat ». « si on veut rester ici, on ne doit pas faire de problèmes avec les voisins. Il faut respecter les horaires : pas de bruit, pas d’alcool. » Il continuait « c’est ce jour qu’ils sont commencé à m’appeler « le président ». « Le lendemain, je suis allé à la Mairie, pour me présenter à la présidente. -Je suis Adama, je n’ai pas de papiers. On habite à la rue des Sorins, et je vous garanti qu’on ne veut pas de problèmes- ». « Ce jour, elle m’a donné son numéro personnelle, et je suis retourné au squat pour faire une réunion. Je leurs ai dit : voilà le numéro personnelle de la présidente de la Mairie ; elle m’a dit que s’il y a un problème je peux l’appeler ». De cette façon, Adama me décrivait sa légitimé. Dans la culture africaine –et dans toutes les cultures non occidentales-, l’âge est un symbole du respect. Chaque fois qu’il y avait un problème, il intercédait. Il faisait aussi du sport dans le patio du squat tous les soirs. Je me rappelle de mon ami Badou, du Sénégal, quand il me racontait comment entre ses amis, quand quelqu’un faisait une mauvaise chose, comme par exemple, fumer, les autres le frappaient pour lui redonner la bonne direction. Adama était habillé avec un habit élégant et des chausseurs de cuir vernis noires, très propres. On marchait dans les rues de Montreuil, pendant qu’il faisait les courses pour la préparation de la fête de soutien qui ont réalisé le dimanche 15 décembre de 2011. Le lendemain la fête a eu lieu. L’organisation et la participation ont été exceptionnelles. La situation des expulsés de Sorins fait écho de la réalité quotidienne de millions des personnes qui souffrent. Encore aujourd’hui, ils sont sans solutions. 21 décembre de 2011, Paris. Pour approfondir : http://www.droitaulogement.org/coll... |
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