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Lucie : Du rêve d’ailleurs à la construction d’ici
15 décembre 2011 par Antoine

JPEG Nomade ou sédentaire ?

Les deux ! En classe de terminale, il fallait faire un choix d’orientation. J’avais toujours aimé la nature et je me voyais bien océanographe ou garde forestière mais le premier choix demandait une réorientation et une année de rattrapage en sciences -car j’avais suivi la filière économique et sociale- et le deuxième correspondait que moyennement à mes parents qui me voyaient plus faire de longues études. J’étais un peu larguée, comme tout le monde à ce moment là. J’ai fini par me rendre au forum des métiers, et là, chose incroyable dans un lieu pareil, j’ai eu un flash pour une école type prépa en lettres modernes et sciences politiques avec surtout une mention cursus international. Troisième année universitaire prévue d’emblée à l’étranger. En plus, ça me permettait de m’éloigner un peu de Nantes, où vivent mes parents, et de voler de mes propres ailes. C’était exactement le cursus qui me fallait, on faisait un peu de tout, de la littérature comparée au théâtre en passant par de l’économie, du droit, etc. En revanche, c’était un tout petit établissement catholique ; en mode prière au réveil, j’étais la seule à rester assise. C’était un milieu très traditionnel, très à droite, certains sont rentrés au couvent, donc à l’opposé de celui dans lequel j’avais grandi. Toute mon éducation y était remise en cause. Avec le recul, ces deux années m’apparaissent comme une scène de débats permanents, entre moi et les autres étudiants, et au plus profond de moi-même. J’ai dû apprendre à avancer par moi-même, en reconsidérant ce qui m’avait été inculqué en y apposant la même distance critique avec laquelle j’appréhendais les idées qui m’étaient alors présentées. Ce n’était pas tous les jours très simple, mais au final ce fut une expérience humainement enrichissante et les deux années que j’y ai passées ont beaucoup influencé ce que je suis aujourd’hui, ce en quoi je crois et contre quoi je me bats.
Pour la troisième année, j’ai continué en sciences politiques et donc à l’étranger. Vu que j’avais envie de creuser les enjeux politiques, d’apprendre l’anglais et que l’Afrique m’attirait beaucoup, sans que je sache vraiment pourquoi, je suis partie en Afrique du sud. Il y avait aussi une logique de fuite, la recherche d’un ailleurs meilleur. Je me suis retrouvée à Grahamstown, un petit bled. Là-bas, j’ai compris que j’étais une femme, une blanche et une occidentale. Mais aussi que cet ailleurs meilleur n’existait peut être pas. J’y suis restée deux ans. Si l’intégration n’est pas une chose facile dans ce pays très cloisonné, j’ai fini par me faire respecter pour ce que j’étais, et à trouver ma place. J’ai milité dans les mouvements des droits, notamment auprès des immigrés zimbabwéens. J’y suis retournée plusieurs fois par la suite mais j’ai fini par poser mes valises à Paris et je compte bien y rester quelques temps.

Mais tu as poursuivi ces engagements en France ?

A mon retour en France, j’étais déprimée. J’avais l’impression que les choses ne faisaient que s’empirer et ce, malgré la bonne volonté de certains groupes, individus, associations, organisations militantes, et à un niveau mondial. La lutte était vaine, nous autres Hommes sommes trop doués pour tuer dans l’œuf et détourner toute petite avancée positive, tout petit espoir d’amélioration. J’ai pensée lâcher les études de sciences politiques et devenir apicultrice, vivre dans mes montagnes. Mais ce mode de vie isolé, coupé du monde ne me convenait pas non plus, était en contradiction avec mes principes d’engagement, et d’un ressenti que ma recherche de bonheur et de plénitude individuelle ne pouvait se dissocier d’une démarche collective de luttes pour un changement global. Alors, plutôt que de rechercher un monde meilleur, j’ai pensé que le changement devait commencer localement, chez moi. C’est notamment pour ça que je me suis engagée auprès des Enfants du canal à Paris.
J’ai continué mes études en sciences politiques. Au départ je me suis orientée vers une spécialisation en étude africaine à la Sorbonne. Mais j’ai trouvé ça trop théorique, trop éloigné de l’urgence d’agir, j’avais envie de quelque chose de plus orienté vers l’action. C’est pour ça que j’ai fait un master professionnel en coopération internationale et politique de développement. Objectif : pouvoir travailler en associations de solidarité internationale ou dans un mouvement qui aborde les enjeux de développement et questionne les politiques, quelles soient françaises ou internationales.

Comment es tu arrivée à EP ?

J’ai fait mon stage de fin d’étude à l’AITEC -Association internationale de techniciens, experts et chercheurs. J’y ai travaillé sur les campagnes autour des politiques commerciales et financières de l’Union européenne et leurs impacts sur le développement au Nord comme au Sud. J’ai en outre suivi l’organisation des contre sommets du G8 et G20. A l’AITEC j’ai trouvé une organisation en adéquation avec mes convictions. Parfois le hasard fait bien les choses. Je m’y sentais vraiment bien, j’avais envie de continuer à travailler avec eux, et c’est comme ça que je me retrouve aujourd’hui à partir en mission avec l’AITEC à Madrid.
Là-bas je serai reçue par l’association « Ecologistas en accion », une organisation mobilisée dans le champ de l’écologie sociale, pour la justice climatique et sociale. Je vais travailler sur les luttes socio-environnementales, notamment autour de la question de la financiarisation des ressources naturelles et des fausses solutions apportées sous la bannière de l’économie verte. A l’AITEC j’avais déjà travaillé sur le rôle de la spéculation sur la volatilité des prix agricoles par exemple, il y a donc une certaine continuité.




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