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Egypte / Droits des étrangers /

Trafics d’êtres humains entre l’Erythrée et l’Egypte
20 avril 2012 par Nassab

Chaque mois, plus de 1000 Erythréens fuient leur pays pour échapper à l’enrôlement forcé dans l’armée et aux nombreuses autres exactions menées par le régime en place à Asmara. Près de la moitié d’entre eux mourront en tentant de passer la frontière, tués par les militaires érythréens qui ont l’ordre de tirer sur les émigrants qui tentent de s’enfuir du pays. Ceux qui survivront à cette épreuve trouveront refuge en Ethiopie ou au Soudan. Une fois sortis d’Erythrée, la liberté ne leur est pas garantie pour autant. Au contraire, un cauchemar de plusieurs mois les attend bien souvent de l’autre côté de la frontière.

Depuis le renforcement des contrôles aux frontières mis en place par la Libye -sous la pression de l’Union Européenne- les routes migratoires au départ de l’Afrique de l’Est se sont progressivement orientées vers Israël. Il y a deux ans, le prix d’un voyage entre le Soudan et la frontière israélienne était de 1 000$. Avec l’augmentation du nombre de candidats au voyage, un marché très lucratif s’est ouvert pour les Bédouins de la région (les Rashaida) qui organisaient ces traversées, jusqu’à ce que le gouvernement israélien ne cherche lui aussi à limiter l’arrivée des demandeurs d’asiles se présentant à ses frontières. Les réfugiés sub-sahariens utilisant les services de ces passeurs sont devenus beaucoup moins nombreux, car la vie qui les attendait à Tel-Aviv ne s’avérait guère meilleure qu’au Soudan. Pour contrer ces pertes économiques, ces mêmes passeurs se sont mis à kidnapper des réfugiés érythréens qui arrivaient au Soudan et en Ethiopie.

A l’heure arrivée dans la ville de Kassala, au Soudan, où se trouve un bureau du HCR leur permettant de déposer une demande d’asile, des Erythréens sont capturés par des groupes de bédouins, souvent aidés par des gardes frontières soudanais participant à ces trafics. Une fois aux mains des ravisseurs, leur tête est mise à prix. Une première rançon d’environ 5 000$ est exigée. Une fois cette première somme payée, les otages sont rarement relâchés. Dans la plupart des cas, ils sont revendus à des Bédouins égyptiens qui vont les emmener à plusieurs milliers de kilomètres de là, dans des camps isolés du Sinaï. C’est alors que le prix de la rançon commence à s’élever pour atteindre des sommes astronomiques. Aujourd’hui, la liberté d’un otage est estimée à 60 000$, une somme généralement impossible à payer pour une famille érythréenne. Pour faire pression sur les proches des victimes, les trafiquants n’hésitent pas à les appeler pendant qu’ils torturent les otages. Ablations de membres, tortures en tout genre, viols collectifs. Depuis des mois, les histoires plus sordides les unes que les autres se multiplient.

C’est au prix d’immenses sacrifices que les familles des victimes arrivent à récolter l’argent nécessaire pour obtenir la libération de leurs proches. Des villages entiers n’hésitent pas à se mobiliser et à vendre tout ce qu’ils possèdent pour satisfaire aux exigences des ravisseurs. Mais même après avoir versé la somme demandée, il arrive que les victimes soient revendues à d’autres Bédouins qui réclameront à leur tour une nouvelle rançon. Lorsque les familles tardent trop à payer, il arrive que les trafiquants achèvent leurs victimes pour leurs organes qu’ils revendent sur le marché noir égyptiens, un des plus prolifique au monde en la matière. Chaque semaine, Meron Estefanos, une activiste érythréenne réfugiée en Suède, multiplie les appelles vers l’Erythrée pour annoncer à des familles la mort de leur proche. Elle estime qu’aujourd’hui, entre 2 000 et 3 000 réfugiés sont toujours maintenus en otage dans le Sinaï et menacés de mort.

Pour les rares personnes qui arrivent à échapper à ces cerbères, la route vers la liberté est encore longue. S’ils restent en Egypte, ils risquent d’être expulsés vers l’Erythrée, car étant entrés de façon “irrégulière“ dans le pays, les autorités les considèreront comme des “infiltrés“ et non des demandeurs d’asile. S’ils choisissent d’entrer en Israël, c’est aux balles des gardes frontières égyptiens qu’ils devront se confronter. Depuis 2008, plus de 70 personnes ont été tuées en essayant de franchir le mur de barbelés qui séparent l’Egypte d’Israël. Au lieu de lutter contre ces trafics, le gouvernement égyptien fait preuve d’un attentisme total, préférant voir les Bédouins du Sinaï occupés à maltraiter des sub-sahariens, plutôt que de lutter pour obtenir les droits qui leurs sont dus. La question reste de savoir combien de victimes vont encore être violées, torturées et tuées, avant que l’Egypte ne se décide enfin à mettre un terme à cet infâme trafic d’êtres humains ?

Pour en savoir plus :

• Article de Meron Estefanos sur les kidnappings à la frontière Soudano-Erythréenne.

• Article de Meron Estefanos sur les prises d’otages dans le Sinaï.

• Article du Guardian accompagné d’un témoignage vidéo d’un réfugié érythréen torturé pendant plusieurs mois dans le Sinaï

• Article et reportage de CNN sur le trafic d’organes dans le Sinaï.

• Intégralité du reportage de CNN sur les trafics dans le Sinaï.

• Rapport d’Amnesty International sur le sort réservé aux réfugiés Erythréens expulsés vers leur pays d’origine.




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