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Maroc / Travailleurs migrants saisonniers et agriculture paysanne /

La ville ouvrière de Ait Aamira
16 avril 2012 par Nidal

Pour renouveler mon visa de séjour au Maroc, j’ai du prendre mon mal en patience et passer du temps à la mairie et à la gendarmerie en lisant sur l’agriculture, le Maroc et la plaine du Chtoucka, les ouvriers. J’ai eu le temps de m’ennuyer, de réfléchir et d’écrire ces lignes.

La mairie et la commune d’Ait Aamira

Dans la Mairie les cinq bureaux sont assaillis par les habitants mais surtout les habitantes. L’objectif de chacun est de parler aux responsables chargés de tamponner tels ou tels papiers, d’écrire telles ou telles attestations, de valider les demandes d’allocations ou de remboursement... Il doit y avoir une organisation que je ne perçois pas bien car à un moment mon tour vient et il ne me semble pas que le nombre de personnes devant moi aie diminué… Un fonctionnaire m’explique qu’il y a beaucoup de travail et peu de personnel dans la Mairie de Ait Amira.

La population de la commune est passée de 20 000 à 40 000 entre 1994 et 2004. L’expansion démographique a accompagné le développement des industries agroalimentaires. A mesure que les emplois se sont créés les populations ont quitté leurs activités souvent paysannes et ont migré des quatre coins du pays pour atterrir ici. Je me demande si ce bureau communal a été fait en prévision d’une telle expansion de la population.

Ici, Les maison poussent comme des champignons. Plusieurs laissent entrevoir les signes de la construction d’un étage supplémentaire… On construit petit à petit en fonction de ses revenus et on termine sa maison alors même qu’on a commencé à l’habiter depuis longtemps. Après avoir accumulé l’argent nécessaire, peut être une année, peut être plus, on rajoute un étage, on termine un mur, on fait la peinture...

La pause thé, les Camions, la route

Une foi la mairie explorée de font en comble avec une triple visite de chaque bureaux pour être sure d’avoir bien accomplit toutes les démarches, direction la gendarmerie ! Mais avant un petit thé à la menthe au café à côté de la poste ! Je traverse la route après avoir laissé passer un camion de chez Matysha entreprise espagnole de production et de vente de tomates.

Le matin les camions partent chargés de femmes vers les fermes et reviennent chargés de légumes. Ils empruntent incessamment de jour comme de nuit les routes de la plaine. Tant ils font partit du paysage routier, on n’y fait même plus attention. Aït Aamira est en plein cœur de la zone occupée par les serres de culture et comme beaucoup d’autres villes ou village de la plaine elle s’est étendue autour d’un des axes routier. De part et d’autre de la routes cette ville grandit et hormis l’axe central, les autre rue ne sont pas goudronnée.

Ces dernières semaines les routes de la plaine ont été décorées. Les drapeaux et les banderoles rouges étoilées flottent au vent quasi constant de l’atlantique.

En écrivant ces lignes je sirote mon thé et mes yeux se fixent à nouveau sur la route, un camion chargé de cagette marquées "Fresh express" vient de passer, puis un autre complètement vide, combien j’en compterais si je restais assis une journée entière à fixer cette route ? Sur cette réflexion d’un intérêt incertain j’avale mon thé à la menthe et je pars pour la gendarmerie.

Chez les gendarmes aussi on attend son tour. Parfois, certaines femmes arrivent en pleurant. Je ne comprends pas bien les histoires qu’elles sanglotent aux agents ? Dans la salle d’attente on échange des regards compréhensif, on est tous dans la même situation, on attend. Sur le bureau de l’accueil, je reconnais une photo agrafée à un dossier !

Les ouvrières de chez Alamo et la construction d’un syndicat

Petit coup d’œil, ça concerne les ouvrières agricoles de la société Alamo. En caractère gras, CNSS, Caisse Nationale de la Sécurité Sociale.

Lorsqu’elles sont arrivées au syndicat, les femmes de la station d’emballage Alamo n’avaient même pas de contrats. Puis lorsqu’elles l’on enfin obtenu, pour certaines, c’était un contrat au rabais. Après avoir passé près de 10 ans dans l’entreprise, leurs cartes de travail n’ont été daté que de quelques années et parfois une seule. Certaines années elles ont été déclarées comme ayant travaillé 2 ou 3 mois alors qu’elles en ont fait le double. Je me rappelle d’une conversation. « Il est écrit ici que tu as travaillé seulement quelques jours ce moi là ; -oui c’est vrai ! Le reste du temps je suis allée voir ma famille » « et toi ? ; - Moi non ! J’ai travaillé beaucoup plus que ce qu’il y a écris sur cette feuille ! ». Ce dossier de la sécurité sociale attend maintenant sur un bureau de la gendarmerie...

C’est donc avec plaisir que je considère le dossier d’inscription à la sécurité sociale. Les choses avances finalement. Petit à petit mais elles avancent. Mais je me demande si les périodes de cotisation des entreprises ont été respectées ou si les ouvriers ont joué la carte de la tranquillité en acceptant de concéder sur leurs cotisations.

Je sors de la gendarmerie et je repense aux syndiqués de chez Alamo, à l’histoire de cette femme assez âgée. Elle expliquait qu’elle était partie voir sa famille une journée, à son retour à la station, en guise de punition elle a été privée de travail pendant une journée. Elle raconte que son chef a fait ça parce qu’elle est rentrée au syndicat. Avant il l’aurait laissé faire sans problème, maintenant pour s’absenter il faut un certificat médical. Avec un syndicat dans l’entreprise les chefs sont plus exigeants.

Les syndicalistes rapportent que les ouvriers doivent être exemplaires lorsqu’ils sont syndiqués car la direction est plus exigeante avec eux. Tan que l’on ne sort pas du cadre légal, le syndicat incite les ouvriers à supporter cette pression pour ne pas porter préjudice à l’élan commun et au travail de chacun. Quelle force faut-il pour ne pas réagir dans une situation ou les mouvements sont surveillés et où la pression est incessante, où l’on est considéré comme un être à produire, l’humain s’effaçant derrière le rendement.

Etre sous contrôle quasi permanent. Risquer de se faire réprimander si la pause déjeuné dure un peu plus longtemps. Etre privé de travail pendant une durée indéterminée en guise de punition. Devoir maintenir la cadence tout en masquant sa fatigue ou sa faiblesse… Tout cela fait partit du quotidien des ouvriers.

Certains ont la volonté de changer, réclament leur droits, se solidarisent, s’écoutent, se sécurisent par la force du groupe et se supportent les uns les autres pour aller tous d’un bloc et avoir la possibilité de négocier leur conditions de travail.




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