Un hiver rude pour le droit au logement en Ile-de-France

Pour ce second article, je vous emmène avec moi dans un récit un peu décousu de l’activité principale qui m’a occupée chez APPUII durant le mois de novembre : l’organisation d’un événement à destination des habitant.es du quartier de la Noue et du Clos Français, à Montreuil.

Plus d’un mois s’est écoulé depuis la fin de la formation E&P et le départ des camarades vers des horizons plus chaleureux (pour la majorité). Pendant ce temps, le froid s’installe à Paris et sa banlieue. Plus qu’un froid, c’est surtout le flou qui se maintient sur l’avancée du projet de rénovation urbaine (NPNRU) qui touche les habitant.es du Clos Français et de la Noue à Montreuil.

Après la réunion d’information réalisée par le bailleur social du Clos Français et les architectes le 27 octobre dernier où les habitant.es sont ressorties plus enragé.es que satisfait.es, l’enjeu était de regrouper ces mêmes personnes pour contester le début des travaux sans la prise en compte de leur parole et leurs besoins.

Ces dernières années, un abandon progressif de la gestion locative par les bailleurs sociaux a conduit les riverains à habiter le quartier dans des conditions inhumaines, face à l’insalubrité (moisissure, risque d’effondrement, présence de rongeurs et cafards) et à la défaillance technique (badges et ascenseurs en panne). Autant de réalités difficiles qui n’ont pas fait l’objet de concertation et qui questionne le devenir des travaux et leur capacité à améliorer les conditions de vie de la population.

Montrer ce qui ne va pas, c’est bien. Mais le tout était de se saisir des échéances pour que les actions produisent des changements avant que les travaux débutent, c’était ça notre objectif.

La rédaction d’un courrier commun qui porte la voix des habitant.es avant la signature de la convention collective entre les décideurs du projet (Bailleurs-élus locaux-ANRU) était devenu notre nouvel objectif pour début décembre. Pour cela, le collectif d’habitant.es et les associations du quartier avons réunis du monde autour d’un événement public, au menu ? Chorba, merguez et prise de parole !

Malgré le froid et la brume de cette journée de fin novembre, près d’une centaine d’habitant.es se sont réuni.es autour de cette soupe chaude pour discuter des problématiques des travaux annoncés. Ce samedi après-midi s’est transformé en un espace de rencontre et de tissages de liens, entre voisins qui se côtoient pour certain.es, ou se croient de loin pour d’autres.

©APPUII, 26 novembre 2022

Et pourtant… ce début de soulèvement à l’échelle d’un quartier n’arrive pas à faire barrage contre tous les processus de démantèlement du droit au logement toujours plus forts qui prennent place au cœur de la capitale. 

Depuis le 2 décembre, plus de 300 mineurs isolés étrangers occupent le parvis du Palais Royal avec leurs tentes pour réclamer au Conseil l’application d’une mise à disposition d’un hébergement[1] urgence – après des mois de campement à Ivry-sur-Seine.

Ce même jour, à 1,9 km à pied au Sud-Est du Conseil d’Etat, de l’autre côté de la rive, une proposition de loi pour lutter contre les « squatteurs » a été adoptée à l’Assemblée Nationale, permettant de sanctionner pénalement et de procéder à une évacuation forcée pour toute personne occupant un logement de manière « frauduleuse »[2].
Sous le titre « Protéger les logements contre l’occupation illicite », cette proposition de loi n°174 entend accentuer le processus de criminalisation des occupant.es, qui encourent 45 000 € et trois ans de prison en cas d’occupation sans droit ou de loyers impayés.

Pendant ce temps, le courrier a été envoyé et la situation de mes voisin.es dionysien.nes de La Noue et du Clos Français est toujours en suspens, dans l’attente d’une réponse des élu.es…


[1] https://utopia56.org/les-associations-demandent-des-garanties-quant-a-lhebergement-des-mineurs-isoles-etrangers-installes-devant-le-conseil-detat/

[2] https://www.vie-publique.fr/loi/287344-proposition-loi-anti-squat-occupation-illicite-des-logements-expulsion#:~:text=Le%20texte%20triple%20les%20sanctions,45%20000%20euros%20d’amende.

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