Liberté, liberté.. ma chère liberté

La semaine dernière, j’ai été accueillie dans le cadre de ma mission par la communauté d’Emmaüs Pontivy, en Bretagne. La communauté compte à ce jour 3 familles et 3 hommes seuls. Ce groupe est spécialisé dans la collecte, le tri et la vente d’objets, de vêtements et de meubles. Emmaüs Pontivy a 2 sites : un magasin situé à côté des jolis quais du canal de Pontivy ; et l’autre où les dons sont réceptionnés, triés, et où logent les familles. Un vrai havre de paix dans cet ancien corps de ferme construit en pierres bretonnes et aménagé en petit cocon chaleureux (ils ont même des moutons, oui oui). 

Pendant ces quelques jours passés en leur compagnie, j’ai eu l’occasion de participer à leurs activités de tri, de mise en rayon et de vente. Mais je retiens surtout les moments de vie quotidienne. Plongée dans cette petite bulle, cette routine, ces rituels… Un chez soi. J’ai notamment trouvé formidable que les 3 familles, toutes issues d’une culture différente, cohabitent et s’entraident. J’ai alors pris part aux discussions lors de la préparation des repas, le temps d’un café le matin avant d’amener les enfants à l’école ou d’une tisane quand les étoiles scintillent et que la maison est silencieuse. Moments de vie, moments d’espoir, moments de repos. 

L’occasion de discuter ensemble, de leur famille, de leur pays, de leur culture, de leurs envies. Ces femmes, mères et épouses qui chaque soir se retrouvent, une fois les enfants au lit, pour se détendre et partager un bout de leur soirée dans la complicité. Elles ont tellement de choses à dire et je souhaite qu’elles soient entendues

M’est venue l’idée de pousser cette discussion avec l’une d’entre elles, mère de 3 enfants. Cette voix vient du sud de l’Iran, de l’île Qeshm pour être plus précise. Je lui ai alors demandé si elle voulait bien vous partager son petit bout de chemin, de la motivation de son départ, ses projets mais aussi ses difficultés, et sa colère sur la répression qu’il se passe actuellement de la part des autorités (police des mœurs, ordres du gouvernement…) à l’encontre des manifestant.es en Iran. 

Tout d’abord, elle m’a parlé de sa terre, de l’actualité et de la réalité sur place. De cette répression sur le corps de la femme, sur cette inégalité de ne pouvoir décider. De cette éducation qu’elle a reçu dans la honte et la discrimination. De ce qui l’a poussé à partir, et des difficultés qu’elle et sa famille ont vécu quant à son départ, mais aussi son arrivée ici. 

“On veut liberté en Iran”

Puis elle me parle d’Emmaüs, de son ressenti sur le fait d’être ici. De ce que c’est de vivre avec d’autres familles, mais aussi de ce qu’elle a appris sur elle-même en travaillant en tant que compagne.

Maison pour tous : structure d’accueil de jour et de nuit. 

Je lui ai demandé ses aspirations futures, ce qu’elle veut faire une fois ses papiers en poche, quels sont ses projets.

Enfin elle m’a raconté d’où venait cette soif de liberté, la sienne et celle de son mari, qui l’ont poussé à quitter son pays pour ce qu’elle espère un avenir meilleur. Elle m’explique alors être partie en Malaisie pour 6 mois avec son mari pour apprendre l’anglais, c’est pendant ce voyage que leur vision a changé.

On a beaucoup parlé cette soirée-là, assis à 3 dans leur salon, partageant une verveine et quelques noix – dont on entend les craquements. Nos voix sur fond de piano, que joue sa fille dans la chambre des enfants. Je me suis sentie chanceuse qu’ils m’ouvrent leurs portes, leur cocon. 2 heures de discussion, de rire et d’émotions. 2 heures résumées en quelques phrases et quelques minutes. Pour elle, c’était clair, elle a soif de liberté, pour elle et pour sa famille. Et c’est un terme qui revient souvent.

Et ça fait sens avec ma mission, les “voix d’Emmaüs”, ces voix qui chuchotent, qui crient, qui parfois résonnent mais qui souvent sont injustement tues. Elles et ils ont des choses à dire, une histoire à raconter et des revendications. 


Cet enregistrement a été réalisé avec le consentement oral de la compagne et du compagnon.

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