Quand les luttes résonnent à l’autre bout du quartier…

Regarder par la fenêtre, connaître son voisin, s’ancrer chez soi. Voilà l’objectif de la mission personnelle que je m’étais donnée.

Photo du quartier de la Noue, © Ville de Montreuil

Je m’appelle Sunnight, jeune géographe, voilà deux ans que je suis naturalisée Albertivillarienne, ou Séquano-Dionysienne pour être plus inclusive.

Je fais partie de la session 25 d’Echanges et Partenariats et vais effectuer ma mission auprès de l’association APPUII (Alternatives Pour des Projets Urbains Ici et à l’International).

L’association APPUII s’est spécialisée sur les questions d’urbanisme en proposant d’accompagner et d’outiller les résident.es à exercer leur pouvoir d’agir sur leurs conditions de vie en construisant un contreprojet à l’image de leurs besoins réels.

Durant les prochains mois, je ferai de même en suivant un collectif d’habitant.es situé de l’autre côté de ma chère Seine-Saint-Denis. A la frontière invisible entre Montreuil et Bagnolet, entre la fraicheur du parc départemental Jean-Moulin – Les Guilands et le corridor assourdissant de l’A3, les résident.es des quartiers de La Noue et du Clos Français s’organisent pour faire entendre leur voix et leur désaccord face au NPNRU (Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain)[1].


Ce projet de quelques centaines de pages – à la fois coloré de par ses jolies cartes et annonçant la transformation magique du quartier en un lieu de vie formidable – doit aussi se lire entre les lignes.

Sous les bonnes volontés se cachent des parts d’intérêt et il en revient toujours de se demander : à qui profitent de telles démarches ?

Ce projet implique des mutations considérables et difficiles à saisir. La plupart du temps, elles correspondent à un processus de gentrification du quartier à travers des démolitions de logements sociaux, l’accès à la propriété, la disparition des commerces de proximité, regroupement scolaire, etc.

Faire entendre la voix des habitant.es revient à questionner notre société sur ce qu’on a fait du droit à la ville. Disposer d’un logement digne est une condition nécessaire de notre existence. Et revendiquer ce droit, en tant que personne concernée est une manière de se réapproprier les politiques de la ville. A ce titre, en tant que voisine[2] et volontaire, je m’investirai pour appuyer les projets et les initiatives du collectif d’habitant.es.

Parce que finalement, je crois qu’on n’est jamais aussi utiles qu’aux côtés des luttes qui émergent du bas, à l’autre bout du quartier.


flyer du collectif d’habitant.es

Comité de coordination des grèves foyers Sonacotra en grève. « Journée portes ouvertes », 29 mai 1976. Atelier de sérigraphie à Paris 8.

[1] « Coordonné par l’ANRU (Agence Nationale du Renouvellement Urbain), le renouvellement urbain dans les quartiers de la politique de la ville (QPV) se traduit par le déploiement d’un ensemble d’opérations destinées à améliorer l’habitat, promouvoir la mixité sociale, désenclaver les quartiers et stimuler le développement économique grâce à des opérations de destruction-reconstruction, de réhabilitation et de relogement des habitants. » https://www.ecologie.gouv.fr/renouvellement-urbain-dans-quartiers-prioritaires

[2] Alors certain.es diront que la distance entre Aubervilliers et Montreuil est trop élevée pour parler de voisinage… ¡Qué va!