Et si l’on changeait les choses ?

Bonjour !

Je m’appelle Célia et je fais partie de la Session 24 d’Échanges & Partenariats. Je suis volontaire au sein de l’association APPUII (Alternatives Pour des Projets Urbains Ici et à l’International), qui s’occupe de répondre à des demandes de collectifs d’habitants qui ont la sensation de ne pas être pris en compte dans un projet urbain.

Au cours des 3 semaines de formation avec E&P, j’ai participé à un atelier d’écriture. Dans mon cas, je devais écrire un texte à partir de la photo ci-dessous. Pour un premier article, je voulais vous partager ce texte. J’espère qu’il vous plaira.

Photo de Marine de Haas, volontaire de la session 11.

J’y ai passé ma vie. Je connais ce quartier par cœur. Ses odeurs, ses marques, ses gens, son passé et bientôt son futur aussi.

Les gars d’en bas aussi, je les connais. Ils viennent chercher les gens pour se battre. Se battre pour un monde meilleur. Apparemment ça vaut le coup. Ils sont gentils. Ils sont naïfs aussi. Ils pensent vraiment pouvoir le changer, le monde. J’y ai cru aussi, mais aujourd’hui j’me suis résignée. Parce que je vois ce qu’eux ne voient pas. Je vois que j’ai trop à perdre, que peu importe ce qu’on fera on ne gagnera pas. Ils ne connaissent pas eux, ces grosses machines bureaucratiques, ces hommes en costards qui viennent montrer notre quartier comme si c’était un problème. Comme si nous étions un problème. Et pourtant depuis quelques mois, moi je ne vois que ça. Les problèmes, les déménagements, les logements vides. Ils partent tous. Les lieux se dégradent et personne ne fait rien. Et ils ont raison. Qu’est-ce qu’on peut y faire ?

Les gars d’en bas m’ont répondu tout. Qu’on pouvait tout faire et tout tenter justement parce que tout tombait en morceau. Qu’on n’avait rien à perdre. Parce qu’aujourd’hui, dans la contrainte on a le choix. Que la vie, c’est avoir le choix. Le choix de laisser les choses telles qu’elles sont si elles nous conviennent, ou de les changer si elles ne nous correspondent plus. Pour la première fois, personne ne me parle de destin. Ils me parlent tous de notre capacité à transcender les choses. Je ne suis pas sûr de bien comprendre. Ils disent qu’en étant ensemble on peut tout bousculer, tout changer. Qu’ensemble on peut être une vraie force, qu’on peut faire peur. Qu’en étant ensemble et qu’avec un peu d’aide, on gagnera cette fois, c’est sûr. On gagnera contre les grands, ces géants qui se permettent tout et qui nous écrasent ; et même si ça ne marche pas, on aura gagné la fierté de s’être battu pour cet endroit, pour nos amis, nos familles, nos convictions et nos droits. Et qu’il vaut mieux être fier d’avoir essayé plutôt que triste de n’avoir rien tenté.

Je veux bien les croire. Le discours est beau, mais aujourd’hui, ils ne sont que quatre en bas de chez moi. Ils me disent qu’aujourd’hui ils sont quatre, mais que si je descends nous serons cinq. Et plus les jours passeront plus nous serons nombreux, et plus nous serons nombreux plus nous auront du poids, et plus nous auront du poids plus nous ferons peur. Parce que la colère fait peur, soit, mais la colère quand elle est légitime, le fait encore plus.

Je ne suis pas descendu aujourd’hui. Mais je descendrai demain. Parce qu’aujourd’hui, ils ont changé quelque chose en moi, j’ai cette flamme qui brûle en moi comme elle ne l’avait pas fait depuis longtemps. Je crois qu’on appelle ça l’espoir.

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