Retour(s)

Paris, aéroport Charles de Gaulle, 10h20.

J’embarque dans mon avion pour un retour à Malte. Dans le corridor reliant l’aéroport à l’appareil, il y a un jeune avec un sac en bandoulière. Je le remarque parce qu’il attend avec le regard dans le vague, posé sur le tarmac et le balais des camionnettes chargées de valises. Il m’intrigue, tous les autres passagers s’empressent d’entrer dans l’avion une fois leur billet d’embarquement vérifié.

Et puis je comprends. La PAF attend à l’entrée de l’avion, accompagnée de deux agents de police. Ça pue Dublin. Le sang me monte à la tête, je les toise en montrant mon billet à l’hôtesse de l’air. Le jeune est l’un des derniers à embarquer.

Il est assis non loin d’un groupe de françaises « trop excitées d’aller au soleil et de profiter de Paceville (le quartier des bars, boîtes de nuit et de la prostitution essentiellement tenu par des mafieux) ». Donc personne ne semble réaliser que, parmi nous Européen.ne.s principalement blanc.he.s, se trouve une personne qui va à Malte contre son gré. Et qui n’ira jamais à Paceville. Et qui n’a très probablement pas fait le voyage aller de manière aussi « confortable ».

En atterrissant à Malte, l’avion passe au-dessus de la Méditerranée. Elle s’étend à perte de vue et quand je pense à ce qui s’y passe, elle me fait mal au ventre. Je pense au jeune assis quelques rangées devant moi.

Quand je descends sur le tarmac maltais, deux agents arborant l’insigne Pulizija l’attendent en bas des marches. J’ai envie de voir comment ils vont le réceptionner. J’assume le verbe, il n’a probablement pas été mieux traité qu’un colis. Mais le flot des voyageurs m’en empêche, je le retrouve à l’intérieur. Il nous dépasse par la droite, un policier lui tenant chaque bras. Ils l’encerclent pendant qu’il remplit son document COVID.

Le lendemain, je profite d’être de retour dans les locaux d’aditus pour demander à ma collègue où sont emmenés les dublinés, même si j’ai une petite idée.

‘S’ils se sont échappés de Malte, c’est la détention’.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *