Les papiers ne nous définissent pas.

« Ils ont tendance à penser que c’est le papier qui fait tout, alors qu’il y a d’autres parcours fondamentaux, comme l’école ou la profession ».

Ces sont les mots de Moussa, un jeune guinéen de 27 ans qui a accepté de me rencontrer au jardin botanique de Palerme pour nous raconter son histoire et témoigner de son parcours.

J’ai rencontré Moussa lors de mon premier mercredi à l’association Arci Porco Rosso où a lieu le « sportello sans-papiers », à savoir une permanence sociojuridique pour les personnes étrangères. Avec les autres militants, Moussa était là pour écouter et suivre les personnes qui arrivaient pendant l’après-midi, avec l’écoute et la sensibilité de quelqu’un qui partage avec elles l’expérience de la migration.

Au-delà d’aider les personnes dans leurs démarches, l’objectif du « sportello sans-papiers » est avant tout de créer des liens, de construire des rapports de confiance avec les personnes qui arrivent pour ne pas se limiter à une approche de nature exclusivement assistancielle. On a en face de nous des personnes avec leurs histoires et leurs besoins et non pas des dossiers à gérer.

Arrivé en Sicile en 2017, Moussa parle italien avec un accent palermitain, participe à plusieurs projets, travaille en tant que médiateur linguistique et culturel ainsi que dans l’orientation au travail pour les migrants et s’amuse avec le « taekwondo migrante ».

Les difficultés bureaucratiques existent, représentent des obstacles et empêchent les individus à jouir de leurs droits et à accéder à des services. Toutefois, les papiers ne les définissent pas en tant que personnes.

Autrement dit, « no one is illegal ». A travers ce slogan plusieurs militants et associations créent, en 1997, un réseau contre la criminalisation des migrations. « No one is illegal » signifie que la condition d’irrégularité dans laquelle les personnes peuvent se retrouver ne renvoie pas à leur nature mais est, en réalité, une condition créée par le droit, par les normes nationales et internationales en matière de migration, par les accords avec les pays tiers etc.

Le lexique de la frontière atteste cette essentialisation de la condition d’irrégularité. En effet, les migrants ne sont pas des « clandestins », des « illégaux » mais c’est leur condition qui peut être irrégularisée à travers différentes voies.

Si la bureaucratie ralentit, la vie sociale suit un autre rythme. Si les Etats et l’UE répriment, au niveau local les personnes font des rencontres, vivent des expériences et participent à la construction de la ville en tant que résidents étrangers.

Voici le témoignage de Moussa qui ne se laisse pas définir par les papiers.

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